Le texte de théâtre et sa représentation - Molière, Dom Juan
Consignes données aux élèves: vous réécrirez un extrait de scène de Dom Juan en transformant le personnage de Don Juan en femme.
Loïc De.
Scène 5
Don Juane, un spectre en femme voilée, Sganarelle
LE SPECTRE, en femme voilée.
Don Juane n’a plus qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du ciel ; et si elle ne se repent ici, sa perte est résolue.
SGANARELLE.
Entendez-vous, Madame ?
DON JUANE.
Qui ose tenir ces paroles ? Je crois connaitre cette voix.
SGANARELLE.
Ah ! Madame, c’est un spectre : Je le reconnais au marcer.
DON JUANE.
Spectre, fantome, ou diable, je veux voir ce que c’est.
Le spectre change de figure, et reprèsente le temps avec sa faux à la main.
SGANARELLE.
O ciel ! voyez-vous, Madame, ce changement de figure ?
DON JUANE.
Non, non, rien n’est capable de m imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec ma lame si c’est un corps ou un esprit.
L e spectre s’envole dans le temps que Don Juane le veut frapper.
SGANARELLE.
Ah ! Madame, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
DON JUANE.
Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi.
Don Juane, un spectre en femme voilée, Sganarelle
LE SPECTRE, en femme voilée.
Don Juane n’a plus qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du ciel ; et si elle ne se repent ici, sa perte est résolue.
SGANARELLE.
Entendez-vous, Madame ?
DON JUANE.
Qui ose tenir ces paroles ? Je crois connaitre cette voix.
SGANARELLE.
Ah ! Madame, c’est un spectre : Je le reconnais au marcer.
DON JUANE.
Spectre, fantome, ou diable, je veux voir ce que c’est.
Le spectre change de figure, et reprèsente le temps avec sa faux à la main.
SGANARELLE.
O ciel ! voyez-vous, Madame, ce changement de figure ?
DON JUANE.
Non, non, rien n’est capable de m imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec ma lame si c’est un corps ou un esprit.
L e spectre s’envole dans le temps que Don Juane le veut frapper.
SGANARELLE.
Ah ! Madame, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
DON JUANE.
Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi.
José S.
DOM JUAN, en habit de campagne, SGANARELLE, en médecin.
SGANARELLE.— Ma foi, Madame, avouez que j'ai eu raison, et que nous voilà l'un et l'autre déguisés à merveille. Votre premier dessein n'était point du tout à propos, et ceci nous cache bien mieux que tout ce que vous vouliez faire.
DOM JUAN.— Il est vrai que te voilà bien, et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.
SGANARELLE. — Oui ? C'est l'habit d'un vieux médecin qui a été laissé en gage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir. Mais savez-vous, Madame, que cet habit me met déjà en considération ? Que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme ?
DOM JUAN.— Comment donc?
SGANARELLE.— Cinq ou six paysans et paysannes en me voyant passer me sont venus demander mon avis sur différentes maladies.
DOM JUAN.— Tu leur as répondu que tu n'y entendais rien?
SGANARELLE.— Moi, point du tout, j'ai voulu soutenir l'honneur de mon habit, j'ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun.
DOM JUAN.— Et quels remèdes encore leur as-tu ordonnés?
SGANARELLE.— Ma foi, Madame, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper, j'ai fait mes ordonnances à l'aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu'on m'en vînt remercier.
DOM JUAN.— Et pourquoi non? Par quelle raison n'aurais-tu pas les mêmes privilèges qu'ont tous les autres médecins ? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard, et des forces de la nature.
SGANARELLE.— Comment, Madame, vous êtes aussi impie en médecine?
DOM JUAN.— C'est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes et les femmes.
SGANARELLE.— Quoi, vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique?
DOM JUAN.— Et pourquoi veux-tu que j'y croie?
SGANARELLE.— Vous avez l'âme bien mécréante. Cependant vous voyez depuis un temps que le vin émétique fait bruire ses fuseaux. Ses miracles ont converti les plus incrédules esprits, et il n'y a pas trois semaines que j'en ai vu, moi qui vous parle, un effet merveilleux.
DOM JUAN.— Et quel?
SGANARELLE.— Il y avait un homme qui depuis six jours était à l'agonie, on ne savait plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisaient rien, on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique.
DOM JUAN.— Il réchappa, n'est-ce pas?
SGANARELLE.— Non, il mourut.
DOM JUAN.— L'effet est admirable.
SGANARELLE.— Comment? il y avait six jours entiers qu'il ne pouvait mourir, et cela le fit mourir tout d'un coup. Voulez-vous rien de plus efficace ?
DOM JUAN.— Tu as raison.
SGANARELLE.— Mais laissons là la médecine, où vous ne croyez point, et parlons des autres choses: car cet habit me donne de l'esprit, et je me sens en humeur de disputer contre vous. Vous savez bien que vous me permettez les disputes, et que vous ne me défendez que les remontrances.
SGANARELLE.— Ma foi, Madame, avouez que j'ai eu raison, et que nous voilà l'un et l'autre déguisés à merveille. Votre premier dessein n'était point du tout à propos, et ceci nous cache bien mieux que tout ce que vous vouliez faire.
DOM JUAN.— Il est vrai que te voilà bien, et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.
SGANARELLE. — Oui ? C'est l'habit d'un vieux médecin qui a été laissé en gage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir. Mais savez-vous, Madame, que cet habit me met déjà en considération ? Que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme ?
DOM JUAN.— Comment donc?
SGANARELLE.— Cinq ou six paysans et paysannes en me voyant passer me sont venus demander mon avis sur différentes maladies.
DOM JUAN.— Tu leur as répondu que tu n'y entendais rien?
SGANARELLE.— Moi, point du tout, j'ai voulu soutenir l'honneur de mon habit, j'ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun.
DOM JUAN.— Et quels remèdes encore leur as-tu ordonnés?
SGANARELLE.— Ma foi, Madame, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper, j'ai fait mes ordonnances à l'aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu'on m'en vînt remercier.
DOM JUAN.— Et pourquoi non? Par quelle raison n'aurais-tu pas les mêmes privilèges qu'ont tous les autres médecins ? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard, et des forces de la nature.
SGANARELLE.— Comment, Madame, vous êtes aussi impie en médecine?
DOM JUAN.— C'est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes et les femmes.
SGANARELLE.— Quoi, vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique?
DOM JUAN.— Et pourquoi veux-tu que j'y croie?
SGANARELLE.— Vous avez l'âme bien mécréante. Cependant vous voyez depuis un temps que le vin émétique fait bruire ses fuseaux. Ses miracles ont converti les plus incrédules esprits, et il n'y a pas trois semaines que j'en ai vu, moi qui vous parle, un effet merveilleux.
DOM JUAN.— Et quel?
SGANARELLE.— Il y avait un homme qui depuis six jours était à l'agonie, on ne savait plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisaient rien, on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique.
DOM JUAN.— Il réchappa, n'est-ce pas?
SGANARELLE.— Non, il mourut.
DOM JUAN.— L'effet est admirable.
SGANARELLE.— Comment? il y avait six jours entiers qu'il ne pouvait mourir, et cela le fit mourir tout d'un coup. Voulez-vous rien de plus efficace ?
DOM JUAN.— Tu as raison.
SGANARELLE.— Mais laissons là la médecine, où vous ne croyez point, et parlons des autres choses: car cet habit me donne de l'esprit, et je me sens en humeur de disputer contre vous. Vous savez bien que vous me permettez les disputes, et que vous ne me défendez que les remontrances.